De manière générale, le tendon est un tissu capable de renvoyer plus d’énergie qu’il n’en reçoit. Ainsi, à chaque foulée du cheval, l’ensemble du système locomoteur amortit la force de contraction des muscles, le poids et la vitesse du cheval. Cette énergie est emmagasinée et aussitôt renvoyée pour permettre la propulsion. Les tendons sont ainsi comme de puissants ressorts pressés au maximum, puis relâchés. La tendinite est une inflammation du tendon, et se reconnait par des signes : boiterie, chaleur, douleur, gonflement, œdème.
Les particularités des membres du cheval
Avant tout, il est intéressant de comparer et de bien comprendre la structure musculaire et articulaire du cheval. Comparé à l’humain, il n’y a quasiment pas de muscle dans les membres du cheval. Cependant, il y a beaucoup de tendons et des ligaments.
Pourquoi ? Tout simplement car il s’agit là d’une adaptation du cheval à la course ! Le cheval est un animal dont le premier moyen de défense face à un prédateur est… la fuite ! et pour fuir, mieux vaut courir vite, très vite !
Les tendons de ses muscles sont volumineux et ont une particularité : ils sont pourvus de “ligaments accessoires” très puissants qui permettent une automatisation des mouvements, ainsi l’économie d’énergie permise par ces ligaments augmente significativement la vitesse. Ils sont très élastiques, ce qui leur permet en fait de prendre la place des muscles, tout en étant moins lourds qu’eux impactant donc sa capacité de locomotion et sa rapidité.
Ces mécanismes, pourtant très performants, sont embêtants en cas de tendinites. En effet, à cause de l’automatisation du mouvement, le cheval ne peut pas contrôler la force qu’il exerce sur ses tendons. De plus, compte tenu de sa masse corporelle, les contraintes exercées lorsqu’il se déplace et notamment lorsqu’il court sont considérables. C’est quand ces contraintes deviennent trop élevés que des lésions tendineuses finissent par apparaître…
Quelques repères anatomiques ?
Pour bien comprendre, il est nécessaire d’avoir un minimum de connaissances sur l’anatomie équine. Le tendon fléchisseur profond du doigt, couramment appelé le perforant, est situé à l’arrière des os du doigt et de l’avant-bras du cheval. Il prolonge le muscle fléchisseur profond situé au niveau du bras, s’attache à l’arrière des os du carpe (« genou ») par ce qu’on appelle la bride carpienne.
Il descend jusqu’au pied du cheval, recouvert par le tendon fléchisseur superficiel du doigt ou perforé. A la différence de celui-ci, qui s’insère sur l’os de la deuxième phalange au niveau du paturon, le perforant vient s’accrocher sur la troisième phalange dans le sabot en coulissant le long de l’os naviculaire.
Cette différence d’attache, en apparence anodine, engendre des tensions totalement opposées mais complémentaires sur les deux tendons fléchisseurs.
Cette notion est essentielle afin de comprendre les lésions et le choix de la ferrure lors du diagnotstic d’une tendinite du fléchisseur profond.
Le tendon est un tissu précocement mature (à 2 ans). C’est à dire qu’il n’a pas de réponse adaptative à l’effort, comme peut l’avoir un muscle qui va s’adapter au fur et à mesure qu’il travaille. Il a quand même (heureusement!) une très forte résistance à la tension (jusqu’à 2000 kg) mais si cette résistance est dépassée, des fibres tendineuses s’abîment.
L’inflammation des fibres tendineuses ou tendinite représente environ 50% des lésions musculosquelettiques affectant le cheval. Si le tendon fléchisseur superficiel du doigt est clairement le plus affecté, on retrouve aussi de nombreuses tendinites concernant le tendon fléchisseur profond du doigt.
Mais comment la tendinites a-t-elle pu arriver ?
On a toujours tendance à se demander si on aurait pu éviter que la tendinite n’apparaisse. Il y a 3 origines possibles à l’apparition d’une tendinite:
- Lésions de fatigue : elles apparaissent sur des chevaux très sollicités. Il y a alors inadéquation entre le niveau d’exercice du cheval et la capacité du tendon à se déformer sous l’importance de l’effort. Ces lésions guérissent spontanément quand on met le cheval au repos.
- Lésions dégénératives : elles touchent surtout les chevaux adultes ou âgés. Le processus dégénératif ne peut être arrêté donc la cicatrisation est impossible. Le tendon finira toujours par se fibroser (transformation fibreuse des tissus avec perte d’élasticité). La mise au repos du cheval servira donc ici à le soulager et non à lui permettre de cicatriser.
- Défauts d’aplombs : certains chevaux présentent des défauts de conformations qui favorisent les tendinites chroniques par surcharge d’un membre.
Les lésions tendineuses sont fréquentes chez le cheval de sport. Toutefois leur nature et leur incidence sont très dépendantes de la spécialité sportive du cheval et de l’intensité de son activité. Par exemple, un cheval de CCE aura préférentiellement des lésions sur le ligament suspenseur ou sur le perforé, un cheval faisant du CSO, sur le perforé ou sur la bride carpienne du perforant et un cheval de loisir sur le perforant.
Pour les tendinites du fléchisseur profond, se sont très souvent des tendinites chroniques, liées au travail répété. Un facteur traumatique, comme une lacération du paturon, peut aussi être responsable d’une tendinite, par exemple lors d’accidents avec un fil de clôture au pré.
Un certain nombre d’éléments peuvent favoriser l’apparition de tendinites d’efforts.
Un sol trop profond amenant le cheval va forcer sur les tendons. En effet, ces talons vont avoir tendance à s’enfoncer plus facilement dans le sol et ainsi augmenter fortement les contraintes sur le perforant.
Un surentrainement et son âge: le travail de l’animal sollicite intensément le tendon fléchisseur profond, notamment à l’obstacle lors de la phase de propulsion. La maturité musculaire et surtout articulaire liée à son âge peut ainsi avoir un impact significatif sur l’apparition d’une tendinite. L’excès de travail intensif est une cause majeure de tendinites chroniques.
Une ferrure ou un parage mal adaptés. Une pince trop longue entraine des contraintes importantes sur le tendon fléchisseur profond. Un cheval doit être referré toutes les 6 semaines environ et ne doit jamais dépasser deux mois de ferrure pour travailler, et encore moins sauter !
Ce sont des facteurs sur lesquels le cavalier peut influer en étant attentif.
Enfin, il y a des facteurs propres au cheval :
De mauvais aplombs, notamment des pieds plats aux talons fuyants.
Son poids qui va augmenter le risque
Son âge et son ancienneté dans le travail : la tendinite est une maladie cyclique. Les fibres se fatiguent et se détériorent avec une vitesse propre à chaque animal. Plus les chevaux vieillissent, plus le risque de tendinite est élevé et les risques de récidives augmentent par la suite.
Bien souvent, la tendinite sera le résultat d’une accumulation de fatigue, de prédisposition liée à la conformation du pied et de surentrainement.
Les signes qui doivent vous alerter !
Les déformations : Vous pouvez être alerté par une déformation de la région tendineuse, associée ou non à une chaleur et/ou à une douleur à la palpation. D’où l’intérêt de passer régulièrement la main sur cette région ! Avant le travail pendant le pansage et après le travail, avant de rentrer votre cheval au box. Votre main enregistrera peu à peu la “norme” pour votre cheval et une anomalie vous sautera aux yeux le jour où elle apparaîtra. Si une telle déformation apparaît, il ne faut surtout pas attendre et prendre immédiatement rendez-vous avec votre vétérinaire traitant, même si aucune boiterie n’est présente.
La fameuse boiterie: Vous pouvez également être alerté par une boiterie alors que la lésion tendineuse n’est pas clairement visible physiquement. C’est fréquemment le cas lors d’atteinte du ligament suspenseur du boulet ou du perforant (car les structures affleurent moins). Souvent, la boiterie est intermittente ce qui peut être perturbant. Même s’il n’y a jamais de règle en matière de boiteries, elle apparaît plus souvent à chaud et est accentuée en terrain profond.
Mais attention car il y a un cas un “piège”: il est possible que votre cheval présente une déformation de la région des tendons sur un antérieur et boite de l’autre membre (celui qui ne porte pas la déformation). Dans ce cas, il peut souffrir par exemple d’une arthropathie sur le membre boiteux (la douleur de l’arthrose cause la boiterie) et c’est la surcharge chronique du membre opposé qui cause la tendinite car le cheval soulage le membre douloureux, provoquant une tendinite de l’autre côté !
Les différents traitements de la tendinite chez le cheval
Le traitement de la tendinite comprend plusieurs dimensions. Se contenter d’un repos strict ne suffira pas à éviter les fréquentes récidives (plus de 70% des cas…).
Le traitement médical : Par l’administration d’anti-douleur et anti-inflammatoire. Les soins locaux peuvent être utilisés lorsque la tendinite est localisée à un endroit accessible. Alterner l’utilisation du froid afin de diminuer la douleur et l’inflammation puis on pourra appliquer du chaud (produit vésicatoire) pour stimuler le flux sanguin et aider à la cicatrisation tendineuse.
La ferrure orthopédique : Dans de nombreux cas, le vétérinaire préconise un fer à l’envers, parfois compensé en talon dans les cas les plus graves.
Pour les chevaux avec une atteinte légère diagnostiquée précocement , un fer à oignons permet d’éviter les récidives en limitant l’enfoncement des talons dans le sol.
La ferrure est partie intégrante du traitement des tendinites (fléchisseur profond chez le cheval). Elle va permettre de modifier légèrement les appuis afin de soulager les tensions sur le perforant.
Le traitement chirurgical : Dans certains cas, avec des lésions dans le pied, la névrectomie peut permettre d’apporter du confort à des chevaux gravement atteints. Cette intervention consiste à couper le nerf sensitif du pied, le cheval ne sent donc plus la douleur. Le risque ? forcer sur le tendon et risquer la rupture complète. Attention, la névrectomie est interdite par le code des courses et la FEI.
Traitement innovant et non-invasif : La Photothérapie afin de stimuler la régulation de l’inflammation, la réparation tissulaire, limiter la douleur et engager les mécanismes cellulaire et immunitaire. Largement utilisé chez l’humain, documentée au niveau scientifique, la photothérapie est un adjuvant de choix pour intervenir dès l’apparition d’une tendinite.
Doit-on poursuivre une activité pour le cheval ?
Dans la plupart des cas présentant une boiterie marquée, le cheval doit évidemment rester au repos strict pendant une durée à déterminer par votre vétérinaire ( généralement au moins trois mois !) et il faudra penser à adapter sa nourriture en vue de la diminution de l’activité physique !
Comme chez l’humain, la rééducation est très importante. Le cheval doit reprendre le travail très progressivement, suivant les consignes données par le professionnel de santé équin et sous son contrôle aux différentes étapes clés de la reprise. On considère, notamment en cas d’atteinte du tendon au niveau du pied, que le cheval sera indisponible pendant 6 mois à un an.
Il y a en général 4 étapes :
1) Marche au pas sur sol dur
2) Trotting fractionné (pas et trot de courte durée alternés) avec augmentation progressive de l’exercice sur sol dur/ferme.
3) Rééducation au petit galop en ligne droite sur sol ferme.
4) Reprise progressive de l’entrainement (obstacle, course…)
Les durées sont variables, les terrains profonds sont à proscrire durant toute la rééducation et fortement déconseillés par la suite pour éviter toute récidive. On adaptera la ferrure au fur et à mesure de la convalescence.
Pour conclure :
Les tendinites du fléchisseur profond chez le cheval sont une pathologie plus rare que les tendinites du perforé ou du ligament suspenseur du boulet. Toutefois, ce type particulier de tendinite est très pénalisante. En effet, les statistiques indiquent que 50% des chevaux ayant ce genre d’affection (tendinite du fléchisseur profond) abandonnent par la suite leur carrière sportive.
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